jeudi 25 septembre 2008

A propos de normalité et de vertu

Un excellent article paru sur Agoravox (L’élaboration des normes psychiatriques) pose un certain nombre de questions sur la normalité.

A son propos, deux réflexions.
Tout d’abord, il est très étonnant de voir, à propos des "pédophiles", qu’en deux ou trois décennies seulement, on soit passés d’une tolérance amusée envers le pépé qui tripotait les petites filles dans la cour à une répulsion très forte - je ne dis pas qu’elle est injustifiée - pour des délinquants abhorrés. Quel est le cheminement d’idées et médiatique qui a changé aussi vite "l’opinion publique" et pourquoi ?
Ensuite, cette tendance à "dépister" les enfants "susceptibles" d’être délinquants (comme le dit joliment le décret Edvige), dès la maternelle: est-ce une volonté de diffusion de thèses génétiques comme celle du président actuel, ou pour "faire propre" en bas pour mieux masquer la saleté en haut ?

Je me demande si en fait nous ne revivons pas mutatis mutandis l’époque dite victorienne, où la pruderie des mœurs et la recherche d’une sorte de perfection dans la vie publique étaient le pendant et le paravent d’une formidable hypocrisie de la bourgeoisie triomphante, qui dans le secret des alcôves et des conseils d’administration se livrait à la débauche des corps et à l’exploitation des petites gens.
Il fallait bien cette chasse éperdue à la pureté des mœurs et à l’honnêteté des citoyens pour faire croire avec la solennité la plus sévère à la vertu de ceux qui la pratiquaient et pour faire supporter une sorte d’ascèse qui comportait la nécessité (fort chrétienne) de la pauvreté, voire de la misère.

Les promoteurs de la vertu ne peuvent être que vertueux: cet axiome les lave de tout soupçon et les drape dans une perfection nimbée de philanthropie qui est du meilleur effet auprès des naïfs.



3 commentaires:

Anonyme a dit…

« La classe dominante impose ses fins à la société et l'accoutume à considérer comme immoraux les moyens qui vont à l'encontre de ces fins. Telle est la mission essentielle de la morale officielle. Elle poursuit "le plus grand bonheur possible" non du plus grand nombre, mais d'une minorité sans cesse décroissante. Un semblable régime, fondé sur la seule contrainte, ne durerait pas une semaine. Le ciment de l'ethique lui est indispensable. La fabrication de ce ciment incombe aux théoriciens et aux moralistes petits-bourgeois. »


Un petit jeu pour tous

D'où vient ce passage?

D.A.F

Philippe Renève a dit…

Hélas, trop facile, avec internet: c'est Trotsky (http://fr.wikipedia.org/wiki/Leur_morale_et_la_n%C3%B4tre)
Qui est ce mystérieux D.A.F. ?

Anonyme a dit…

Celui qu'on appelait Léon voire le vieux!!!