Les orchidées de nos pays, souvent bien plus discrètes que celles des tropiques, sont peu connues alors qu’elles affichent des fleurs magnifiques, de formes et de couleurs remarquables afin d’attirer des insectes pollinisateurs.
Il existe en France quelque 150 espèces différentes d’orchidées, qui croissent dans des environnements très différents. Certains de ceux-ci sont souvent menacés, pour diverses raisons, et les plantes associées en voie de raréfaction, quand ce n’est pas de disparition comme celles des tourbières et marais, que l’homme s’attache à faire disparaître.
Certaines orchidées se rencontrent dans les sous-bois ou à leur lisière.
C’est aussi l’habitat de l’épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), qui abonde un peu partout en France. Les épipactis arborent des fleurs plus espacées qui affectent un peu la forme d’une étoile.
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Ophrys bombyliflora |
A tout seigneur tout honneur, commençons par un des plus rares en France, l'ophrys bombyx (Ophrys bombyliflora), photographié ici dans l'Aude. Il ne se trouve qu'en quelques endroits du Roussillon, du Languedoc et de la Provence.
L’ophrys de Bertoloni (Ophrys bertolonii) se trouve dans la même région et est aussi disséminé.
Les deux sont assez fréquents dans toute la France en terrain calcaire, comme tous les ophrys. Aussi les régions cristallines (Massif Central, Bretagne) n’ont pas le plaisir de les héberger. Dans des régions peu propices, ils se cantonnent parfois au bord des routes, profitant du calcaire apporté par les remblais et les graviers de la chaussée.
L’ophrys abeille (Ophrys apifera), commun jusque… dans mon jardin, présente la particularité de s’autoféconder systématiquement, ce qui entraîne une absence quasi-totale d’hybridation.
La photo en tête de l’article montre les sacs de pollen, appelés pollinies, descendant pour aller féconder l’ovaire, dont le stigmate se trouve au-dessus de la zone orangée.
Sa variété l’ophrys abeille bicolore (Ophrys apifera var. bicolor), rare, présente un labelle divisé en deux zones unies.
Ophrys apifera var. bicolor et Ophrys fuciflora |
L’ophrys bourdon (Ophrys fuciflora), fréquent dans la moitié est de la France mais absent dans le midi, possède un labelle très large et richement coloré. Ses motifs, parfois très complexes, varient beaucoup et comportent souvent un petit cercle plus ou moins dessiné.
Il s’hybride facilement avec d’autres espèces d’ophrys. Ce genre, comme d’autres genres d’orchidées, comporte de nombreux hybrides, qui mêlent des caractères des deux parents.
L’ophrys splendide (Ophrys exaltata subsp. splendida) est peu fréquent et cantonné à la Provence méditerranéenne.
Ophrys exaltata subsp. splendida et Ophrys bertolonii |
Le sud de la France est plus riche que les autres régions pour la variété des espèces, en constituant la limite nord des plantes méditerranéennes. Les pays du sud, Espagne, Italie, Maghreb, sont pourvus d’une variété d’espèces souvent très grande et dont la floraison débute parfois en janvier…
L’ophrys bécasse (Ophrys scolopax) est assez familier dans tout le sud du pays.
L’ophrys de Sarato (Ophrys bertolonii subsp. saratoi) n’est pas très fréquent; sous-espèce de l’ophrys de Bertoloni, il croît de la Provence littorale au Vercors.
Ophrys scolopax et Ophrys bertolonii subsp. saratoi |
La classification est assez délicate pour certaines espèces, comme celles du groupe bertolonii; certains botanistes préfèrent distinguer de nombreuses espèces, alors que d’autres sont partisans d’une moindre différenciation. Le tout est compliqué maintenant par l’analyse génétique qui provoque des reclassements par rapport aux classifications traditionnelles.
Dans d’autres genres, la céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra), jamais bien courante, est une de nos plus belles orchidées ; elle affectionne les bois clairs.
Cephalanthera rubra et Cypripedium calceolus |
Le sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), la plus grande plante de la famille sous nos climats, rare et heureusement protégée, est la récompense de tous les orchidophiles !
Son labelle en forme d’outre attire les insectes par son parfum sucré; pour en sortir, il n’existe qu’un chemin, qui les oblige à se frotter au pollen qu’ils apporteront à d’autres plantes.
Pour ceux qui veulent approfondir le sujet, voici quelques pistes :
- un excellent livre magnifiquement illustré de photos remarquables, « Les Orchidées sauvages de France » par Rémy Souche. Collection Grandeur Nature des Créations du Pélican / Éditions Vilo, août 2007. 340 pages, 1220 photographies. ISBN 2 7191 0642 9.
- un très bon guide pratique pour les orchidées méditerranéennes, « Orchidées de Genova à Barcelona » par Rémy Souche. Editions Sococor, 2008. 224 pages. ISBN 978 2 918075 01 1.
Voir la page sur Rémy Souche, homme étonnant s’il en est. Je recommande chaudement ses livres, qui sont un plaisir tant pour l'amateur que pour le profane.
- la Société Française d’Orchidophilie, 17 quai de la Seine, 75019 Paris, regroupe les amateurs ; elle publie le bulletin « l’Orchidophile ». Site : http://www.sfo-asso.com/
- un bon guide généraliste, « Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg », de Bournérias M., Prat D. et al., Biotope, 2005. 504 pages. ISBN 2 914817 11 8.
Philippe Renève
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