mardi 23 septembre 2008

On fait croire

On fait croire que l’ultralibéralisme, avec son corollaire la mondialisation, est le seul système économique possible.
On fait croire que tout ce qui n’est pas « libéral » dans le sens de l’ultralibéralisme est liberticide, collectiviste et totalitaire.
On fait croire que les Etats n’ont plus d’action possible sur l’économie.
On fait croire que les privatisations sont par essence sources de bienfaits pour l’économie.
On fait croire que l’Europe exige la privatisation des services publics.
On fait croire que les services publics sont inefficaces.
On fait croire que les concessions des services des eaux, de collecte des déchets, et tous les services publics privatisés profitent au contribuable.
On fait croire que l’éducation nationale française est en totale décomposition, et que les enseignants de maternelle changent les couches des enfants.
On fait croire qu’on fera des économies en supprimant des dizaines de milliers de postes d’enseignants.
On fait croire que les Français qui se soignent bien volent les autres.
On fait croire que le système de santé est au bord du gouffre financier et qu’il faut faire payer les malades eux-mêmes.
On fait croire que les Français les plus riches s’exileront si leurs impôts et leurs droits de succession ne baissent pas.
On fait croire que le système de retraites par répartition est moribond et qu’il faut privatiser tout cela pour un système par capitalisation.
On fait croire que les allégements de charges aux entreprises luttent efficacement contre le chômage.
On fait croire que le travail à temps partiel satisfait les salariés.
On fait croire qu’un chômeur qui refuse trois offres d’emploi est un salaud.
On fait croire qu’il est possible de vivre décemment avec le RMI, dont les bénéficiaires sont des fainéants.
On fait croire que les entreprises créent des emplois par vertu.
On fait croire que les entreprises agissent pour le bien de tous les citoyens.
On fait croire qu’on va punir les responsables de la crise des subprimes.
On fait croire que les immigrés viennent manger le pain des Français.
On fait croire que les sans-papiers qui travaillent sont des parasites.
On fait croire que tous les citoyens ont les mêmes chances de s’enrichir.
On fait croire que toute personne peut créer une entreprise et faire fortune.
On fait croire que l’Etat se soucie des mauvaises conditions de logement de millions de citoyens.
On fait croire que la liberté de chacun s’accroîtra en supprimant la solidarité.
On fait croire que la richesse matérielle fait le bonheur des hommes.
On fait croire que la politique de l’Etat profite à tous les citoyens.
On fait croire que l’Etat lutte contre les inégalités matérielles.
On fait croire que la liberté ne peut être que l’égoïsme.
On fait croire que l’égalité ne peut être que la naïveté.
On fait croire que la fraternité ne peut être qu’une utopie communiste.


Qui ça on ?
Le pouvoir politique français.
A qui tout cela profite-t-il ?
Exclusivement aux plus riches,
les amis et commanditaires du pouvoir politique français,
qui ment aux citoyens.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

J’aime votre indignation, votre colère. Votre condamnation n’incite pas à un pourvoi en cassation.

Cependant, à mon avis :

1/ Vous attribuez au pouvoir politique français une capacité de « faire croire » qui en fait l’alter ego du pouvoir religieux au Moyen-Âge. C’est lui faire beaucoup c’honneur.

2/ Vous faites perdre à votre litanie de sa force, de son crédit, en associant fraternité et communisme, même si ce n’est que dans son avatar littéraire utopique. Le communisme que j’ai connu était une croyance autrement mortelle que le libéralisme même le plus ultra.

3/ Faire de l’État français le modèle de l’ultralibéralisme fera rire les anglais que, eux, savent ce qu’ultralibéralisme veut dire, même à la sauce socialiste.

4/ Entre "faire croire" et "croire" il y a un fossé qu’aucun discours ne comblera pour celui qui ne croit que ce qu’il voit et non les mirages qu’on veut lui faire voir. Dans le débat où vous vous êtes engagé, le "faire croire" que vous dénoncez - et dans quelques items avec raison - est un écho à des "faire croire" opposés, proposés par d’autres idéologies parfois curieusement confondues pour l'occasion mais dont les finalités ou les capacités n’ont rien de rassurant.

Bien cordialement.

Philippe Renève a dit…

Dancharr,

Merci de votre commentaire.
1- J’ai tenté d’être bref et pas trop verbeux ; j’aurais bien sûr été plus précis en écrivant « on essaie de nous faire croire », mais la répétition en aurait été bien lourde !
2 - Ce sont les pouvoirs en place, politique et économique (si on peut les dissocier) , qui veulent faire croire que la fraternité n’est qu’un autre nom du communisme.
3 - Je sais bien que l’Etat français est encore loin de l’ultralibéralisme des anglais ou des américains ; mais le pouvoir actuel comble le retard à marche forcée…
4 - Ce n’est pas parce que d’autres idéologies néfastes s’attachent aussi à une propagande mensongère que celle dont nous parlons en devient vertueuse !

Cordialement.