Tous les ails mijotaient, les
légumes tremblèrent,
Des sauces mitonnées les remous
reculèrent,
Et du mets enchanteur dépassant
la hauteur,
Des prodiges de Dieu l'immense
exécuteur,
Le poivron apparut. Rougeoyant
et superbe,
Parfumant les oignons dans la
tomate et l'herbe,
De la poêle odorante
enrichissant le fond,
Il se dresse en vainqueur dans
le bouillon profond.
Ce fut alors qu'on vit des
épices étranges
Renforcer puissamment les très
goûteux mélanges ;
La violette aubergine eut l'effluve du thym ;
Les romarins d'azur flottant sur
le festin
Heurtèrent les oignons par le
feu embellis,
Et le bouquet garni, dans les
ails amollis,
S'étonna d'embrasser, dans sa
fine dentelle,
La
courgette royale en sa fière rondelle.
Philippe Renève
Je remercie vivement mon camarade le regretté Alfred de
Vigny, qui m'a montré la voie de la poésie épique dans son Déluge dont voici l'extrait concerné.
Tous les vents mugissaient, les montagnes tremblèrent,
Des fleuves arrêtés les vagues reculèrent,
Et du sombre horizon dépassant la hauteur,
Des vengeances de Dieu l’immense exécuteur,
L’océan apparut. Bouillonnant et superbe,
Entraînant les forêts comme le sable et l’herbe,
De la plaine inondée envahissant le fond,
Il se couche en vainqueur dans le désert profond.
(…)
Ce fut alors qu’on vit des hôtes inconnus
Sur des bords étrangers tout à coup survenus ;
Le cèdre jusqu’au nord vint écraser le saule ;
Les ours noyés, flottants sur les glaçons du pôle,
Heurtèrent l’éléphant près du Nil endormi,
Et le monstre, que l’eau soulevait à demi,
S’étonna d’écraser, dans sa lutte contre elle,
Une vague où nageaient le tigre et la gazelle.
Des fleuves arrêtés les vagues reculèrent,
Et du sombre horizon dépassant la hauteur,
Des vengeances de Dieu l’immense exécuteur,
L’océan apparut. Bouillonnant et superbe,
Entraînant les forêts comme le sable et l’herbe,
De la plaine inondée envahissant le fond,
Il se couche en vainqueur dans le désert profond.
(…)
Ce fut alors qu’on vit des hôtes inconnus
Sur des bords étrangers tout à coup survenus ;
Le cèdre jusqu’au nord vint écraser le saule ;
Les ours noyés, flottants sur les glaçons du pôle,
Heurtèrent l’éléphant près du Nil endormi,
Et le monstre, que l’eau soulevait à demi,
S’étonna d’écraser, dans sa lutte contre elle,
Une vague où nageaient le tigre et la gazelle.
Mon fils ayant eu récemment à apprendre et à réciter ce beau texte, ce qui lui valut un 20 sur 20,
j'ai trouvé opportun
de m'en inspirer pour glorifier l'admirable
ratatouille, qui est à la cuisine européenne ce qu'Homère et
Virgile réunis sont à la littérature.
Mes excuses les plus sincères à Alfred de Vigny pour les fautes de versification, qui montrent que je suis bien loin d'avoir son génie.
3 commentaires:
« Quand je m’observe, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure. »
Talleyrand
Comprenne qui pourra.
Ah, ah ! Je découvre avec retard ce pastiche... succulent !
Merci, Anne. Ce sommet de la gastronomie mérite qu'on l'honore sur le ton épique.
Si Vigny l'eût connue, il nous eût laissé une immortelle dithyrambe !
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