mardi 28 janvier 2014

Paul Krugman : « un scandale français »


Il faut absolument lire ce billet de Paul Krugman (un des rares économistes à avoir mérité le prétendu Nobel d'économie) sur rtbf.info, à propos des récentes déclarations de Hollande.
Il faudrait tout citer ; retenons seulement ces passages qui rejoignent très exactement mon sentiment.

« L’euro (...) est une camisole de force monétaire. »
Après la crise financière, par opposition à 1929, « personne n’a rompu avec l’austérité fiscale. Tout le monde fait ce qui est censé être sûr et responsable – et la crise persiste. »
« Les performances françaises sont meilleures que la plupart des nations européennes. »
« Aujourd’hui, Hollande a parlé de ses projets pour changer le destin de la France – et il est difficile de ne pas être désespéré. »
« Toutes les preuves attestent du fait que la France déborde de ressources productives, à la fois en main-d'œuvre et en capital, qui restent assises à ne rien faire parce que la demande est inadaptée. Pour s’en convaincre, un seul regard à l’inflation suffit, puisqu’elle baisse rapidement. En effet, la France et l’Europe toute entière se rapprochent dangereusement d’une déflation à la japonaise. »
« Lorsque Hollande a pris la tête de la seconde économie de la zone euro, certains d’entre nous avons espéré qu’il pourrait faire une différence. Au lieu de ça, il est tombé dans le grincement de dents habituel – une posture qui se transforme aujourd’hui en effondrement intellectuel. Et la seconde dépression de l’Europe continue, encore et encore. »

Ajoutons que les dizaines de milliards distribués sans contrepartie aux entreprises risquent fort de ne créer que très peu d'emplois puisque, faute de demande aussi bien externe qu'interne (cette dernière encore affaiblie par la politique d'austérité), elles investiront principalement  – si elles investissent – dans des équipements visant à des gains de productivité, qui réduiront plutôt les besoins en travail.
Ces mesures ne feront donc qu'améliorer les marges et les profits des entreprises et non le niveau de l'emploi, ce qui est prétendument leur but. Seules des actions en faveur des salaires et des bas revenus auraient une influence sur la demande, donc la production et l'emploi, mais le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne sont pas à l'ordre du jour.

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