lundi 16 mai 2011

Que ce soit clair

D'aucuns et même certains, sans parler de ceux que nous ne nommerons pas, qui s'ajoutent sans cesse à la cohorte des autres et à la multitude des tiers pour parvenir à une foule de personnes, eussent voulu, au but de nous entraîner dans un mouvement d'imbécillité pesante auquel ils cèdent avec de savoureuses délices, que nous en parlassions, que nous glosassions sur le sujet, que nous nous répandissions en supputations gratuites, hypothèses bancales et remarques aussi oiseuses que fumeuses.

C'est non. Une fois pour toutes et toutes fois pour une. Nous ne dirons pas un mot, nous n'écrirons pas une virgule, nous ne griffonnerons pas une épithète sur l'événement – à supposer que c'en fût un – qui secoue sismiquement et simiesquement le monde touffu de la presse gribouillée et bavassée depuis peu mais trop longtemps déjà. Nous ne nous vautrerons pas dans la fange putride des pisse-copies à la pige et des folliculaires ratés de l'internet qui se bâtissent des sites fleurant plus le Café du Commerce que la coupole du Quai Conti.

Reconnaissons-le: c'est une douloureuse ascèse, un stoïcisme crâne, une abstention aussi courageuse que le marathon de Paris en ballerines de soie. Mais que de bonheur, que de plaisir que ce repos de l'âme face à tous ces commentaires galimatiesques sur des choses dont ces ânes ne savent rien, et en parlent donc d'autant mieux.

A moi Brassens, à moi La mauvaise réputation, à moi Le pluriel. S'il n'en reste qu'un je serai ce rara avis-là : le seul tapoteur du net qui n'aura rien écrit sur l'affaire que vous savez.

Nul ne s'étonnera de l'image illustrant ce message. Prise dans le Var au cours d'une promenade, elle ne peut avoir aucun rapport, mais absolument aucun, je le garantis en jurant sur une pile de livres saints bien que poussiéreux, avec le sujet en question ; je l'ai choisie à cette fin avec tout le soin qu'on doit apporter aux tâches importantes.

8 commentaires:

emile red a dit…

Combien plussoie-je !!!

Un havre de paix aux exhalaisons matinales ne saurait être empuanti de la pestilence médiatique enrubanné d'effluves dipsomaniaques ou plus prosaïquement de cacardements fielleux.

Laissons courir nos esprits mutins sur d'autres voies que celles tracées pour les troupeaux et les meutes, soyons libres de ne pas succomber aux appels du conformisme formaté et braillard.

Philippe Renève a dit…

Bravo Emile! Gardons la tête hors de l'eau usée de l'actualité cancanière et faitsdiverse.

Anonyme a dit…

Voilà un article léger qui dit exactement ce pourquoi il a été écrit . Le Var ce joli département renvoie dans les cordes ceux qui de Toulon en large étalent un savoir cyclopédique et mobylettatoire en s' occupant de Brignoles dont chacun sait que plus elles sont pendantes plus elles font les choux-Grasse au parfum entêtant de mots en fin de vit .
A César les jactations allestes . Les mots Draguignan-gnan laissons léon à ceux auxquels ils appartiennent , et ceux qui sont à donatien tu l' aura . Eteinte .

Rocla des riantes vallées fleuries :-))

emile red a dit…

La lavande, hier, laissait s'évader un doux murmure en souffle aérien, la rose pourchassait la guêpe repue d'un ton nacré envoutant.
Çà et là, s'élevait les vaporeuses voix des glycines matinières en un chœur virginal.
La brume, délicatement, caressait les feuillères saupoudrant de rosée le ciel et la terre.

Dans le lointain, tintaient mille muguets et muscaris éveillés de leurs senteurs entêtantes.
Sur la colline, quelques rayons transperçaient un bosquet de cyprès voletant translucides sous les ailes d'une demoiselle égarée.

Partout la verdoyance frissonnait, là des mottes de thym bleuissaient la brise, là, encore, les pensées troublaient la quiétude d'un bâillement d'abeille, plus loin, les glaïeuls s'étiraient d'une longue nuit de songe, un lit de myosotis baignaient les talons de narcisses turgescents.

Un merle audacieux rythmait les halètements d'un mur effondré, une mésange besognait son berceau, attentive, aux aguets, une fauvette lissait la pénombre du vieux cabanon.

Soudain, alors que s'estompaient les nuiteuses fatigues, une escouade de martinets se mit à zébrait l'azur, rayant de cris perçants l'éclosion du jour, brisant l'indolence feutrée du petit matin. Le soleil endolori se redressa de colère, la rumeur s'amplifia, de toute part un grondement diffus s'éleva, les feuillages bruissaient, l'herbe roulait en vagues éphémères, les iris courbaient les flancs par de sonores frémissements, la rigole engourdie qui serpentait au travers du jardin se mit à fulminer de milliers d'étoiles.

Plus bas, dans la vallée, le profond sommeil du village retentit au clocher, un nuage cacophonique montait peu à peu, le coteau fut soudainement envahi du tumulte urbain, les murs de clôture peinaient à retenir l'impétrant tintamarre...

Et puis ce fut la cafetière et son horrible chuintement qui joignit l'impétueux brouhaha.

Philippe Renève a dit…

Que de sensualité !

Anonyme a dit…

Bonjour à tous et bravo pour cette leçon d'éthique.

Le fait-divers reste un fait-divers et il n'en n'existe nulle autre vérité que celle qu'énoncera la justice. Avant le verdict, nul coupable, nulle victime, seulement des "présumés".

GB

Il est toujours tentant d'y aller de sa projection personnelle, dans le rôle de la dame ou dans celui du monsieur et de faire preuve d'une empathie douteuse puisque fondée uniquement sur de maigres informations répétées en boucle.

Le commentaire de faits divers est, non seulement la plaie de la presse "traditionnelle" mais aussi celle du net. Trop souvent, celui-ci sera abusivement qualifié d'exemplaire et les individus impliqués se verront érigés en représentant de telle ou telle catégorie, honorée en tant que rassemblement de "victimes" ou haïe en tant que groupe de "bourreaux"

On dit parfois de l'analyste qu'il est celui qui, dans un groupe d'hommes regarde non la jolie fille, mais observe ceux qui la suivent des yeux.. Le fait-divers, pour moi, est plus intéressant dans les réactions qu'il suscite que dans son essence même qui nous échappera bien souvent..

Philippe Renève a dit…

Bonjour et merci, Gazi.
Nous préférons, en face de ce fait divers monté en épingle par les médias – ce qui arrange joliment la bande au pouvoir, notons-le – garder un silence qui est tout à la fois narquois, prudent et objectif.
Que de qualités pour un silence !

Philippe Renève a dit…

Pour éclairer un peu ce texte devenu abscons avec les années, précisons seulement qu'il s'agissait du cas d'un homme politique français qui avait des ennuis ancillaires outre-Atlantique. Cette chose faisait un bruit assourdissant et nous avions refusé d'y participer.